C’est une première qui a de quoi étonner : une chanson générée par l’intelligence artificielle pourrait bien décrocher un Grammy Award. « Heart on My Sleeve », œuvre de l’artiste anonyme Ghostwriter, a été acceptée par la Recording Academy pour concourir dans les catégories « Meilleure chanson rap » et « Chanson de l’année ». Ce qui surprend, c’est que cette même chanson avait été retirée des plateformes de streaming comme Apple Music et Spotify pour violation de droits d’auteur.
Le paradoxe des droits d’auteur
L’industrie musicale est en émoi. En avril dernier, Universal Music Group a porté plainte contre Ghostwriter, accusant la chanson de violer la loi sur le droit d’auteur. La raison ? « Heart on My Sleeve » imite les voix des célèbres chanteurs Drake et The Weeknd. Malgré ce retrait, la Recording Academy a jugé la chanson éligible pour une nomination aux Grammy Awards. Harvey Mason Jr, PDG de la National Academy of Recording Arts and Sciences, a justifié cette décision en affirmant que la chanson avait été « écrite par un humain ».
L’IA, nouvelle muse ou nouveau Dilemme ?
Cette affaire soulève des questions cruciales sur le rôle de l’IA dans la création musicale. Jusqu’où peut-on aller dans l’imitation des voix d’artistes populaires ? Comment protéger les intérêts des artistes tout en laissant la créativité s’épanouir ? La Recording Academy et d’autres acteurs du secteur sont en pleine réflexion pour adapter les règles et les critères d’éligibilité aux nouvelles formes de création musicale.
Ghostwriter, l’artiste qui dérange
Ghostwriter n’en est pas à son coup d’essai. L’artiste a récemment sorti « Whiplash », une autre chanson utilisant des voix générées par l’IA pour imiter les rappeurs Travis Scott et 21 Savage. Cette nouvelle œuvre a suscité des réactions mitigées sur les réseaux sociaux. Certains applaudissent l’audace créative, tandis que d’autres critiquent l’utilisation de l’IA pour copier des artistes établis.
Vers une évolution des règles du jeu ?
L’industrie musicale est à un tournant. Le New York Times souligne l’importance de travailler avec toutes les parties prenantes pour établir une plateforme qui protège les artistes tout en encourageant l’innovation. « Nous savons que l’IA jouera un rôle dans notre activité. Nous ne pouvons pas prétendre lui tourner le dos », a déclaré Harvey Mason Jr.
L’arrivée de l’IA dans le monde de la musique ouvre un champ des possibles fascinant, mais aussi complexe. Entre innovation et protection des droits, l’équilibre reste à trouver.